« The times they are a-changin’ »

Message du 1er mai de l’Union Belge du Transport

« The times they are a-changin’ », c’est ce que Bob Dylan chantait déjà en 1963, durant un concert politique à New York. Ces mots, alors un appel à l’espoir et au changement, sont de nouveau brûlants d’actualité aujourd’hui. En effet, le monde actuel réclame à grands cris un changement de cap.

La droite et l’extrême droite s’emparent du pouvoir un peu partout. Là où c’est le cas, les travailleurs doivent toujours en payer le prix : les droits sociaux sont bridés, les syndicats sont attaqués, les services publics sont affaiblis. Nous ne pouvons ni ne voulons l’accepter.

Le monde est en feu. Plus de 120 conflits armés dans le monde. Les catastrophes humanitaires sont ignorées. Les dictateurs sont laissés tranquilles tant qu'ils ne nuisent pas à l’économie. Dans un tel monde, il n’est pas évident de rester courageux. Pourtant, le syndicat fait résolument le choix de la paix, de la justice et de la solidarité. Nous continuons de plaider pour le dialogue, la collaboration internationale et le respect des droits humains, avec les Nations Unies et l’Organisation internationale du Travail comme piliers.

Plus près de chez nous aussi, la sonnette d’alarme est tirée. Le gouvernement fédéral De Wever-Bouchez mène une politique de droite impitoyable. Les personnes malades, les demandeurs d’emploi et les pensionnés en sont les victimes. L'hyperflexibilité est imposée comme si c’était normal. Seul le contrepoids social porté par Vooruit a permis de protéger notre indexation et quelques droits sociaux fondamentaux.

Mais cela ne suffit pas.

C’est pourquoi nous sommes descendus dans les rues en masse. En janvier, en février et le 31 mars. Et nous le referons si nécessaire, car nous devons lutter contre toute injustice.
Et non, nous ne nous laisserons pas décourager. À l’image de nos collègues aux États-Unis, qui résistent à la menace que représente Trump, nous aussi, nous nous levons. Pour la solidarité. Pour la démocratie. Pour la justice.

Le 1er mai, nous célébrons la force des travailleuses et des travailleurs. Mais nous rappelons aussi à toutes et tous notre devoir de continuer à nous battre.

« The times they are a-changin’ », si nous nous battons ensemble dans ce but.

Vive le 1er mai. Vive la solidarité. Vive la lutte.


Frank Moreels

Président UBT-FGTB

29 avril, journée d’actions :
maintenir la pression !

Le mardi 29 avril, la FGTB organise une journée d’action nationale en front commun syndical. La raison ? Nous en avons assez de la politique antisociale qui nous est imposée. Les travailleurs méritent le respect et non l’affaiblissement de leurs droits.

Des actions locales, des événements de sensibilisation et des manifestations auront lieu dans tout le pays. En Flandre, le front syndical descendra dans les rues d’Anvers, de Bruxelles et de Gand. Le message principal ? Les salaires, les pensions, le temps de travail, la fin de carrière, le chômage, les services publics, etc. Que restera-t-il après la politique de démantèlement ? Le gouvernement doit changer de cap, et vite.

Notre président Frank Moreels a affirmé que les régions devraient être en mesure de décider elles-mêmes de la manière dont elles y adhèrent. En effet, chaque région connait ses propres défis. Certaines équipes UBT participeront à la manifestation à Anvers, d’autres organiseront leur propre action plus proche de chez elles.

Serez-vous de la partie le 29 avril ? Que vous manifestiez ou souteniez une action sur votre lieu de travail, faites-vous entendre. Prenez contact avec votre régionale ou votre délégué pour prendre connaissance des actions planifiées dans votre région.

Plus un métier en pénurie, mais le problème persiste

La ministre flamande de l’Emploi Zuhal Demir a récemment décidé de supprimer le métier de chauffeur professionnel de la liste officielle des métiers en pénurie. En d’autres termes, elle estime qu'il n’existe plus de pénurie de chauffeurs. C’est une conclusion étonnante, surtout pour ceux qui connaissent un peu le secteur. L’UBT-FGTB est indignée de cette décision. En effet, derrière cette mesure se cache plus qu'une refonte administrative : il s’agit d'un choix politique conscient qui aura des conséquences négatives tant pour les chauffeurs que pour les entreprises souhaitant opérer correctement.

La réalité sur le terrain
Posez la question à n’importe quelle entreprise de transport : trouver des chauffeurs qualifiés à l’heure actuelle est tout sauf évident. Le métier est lourd, la charge de travail est élevée et les salaires restent sous pression. En outre, de nombreux jeunes abandonnent avant même d’avoir commencé une carrière dans le transport routier. Les nouvelles recrues arrivent au compte-gouttes. Pourtant, la ministre Demir décide de ne plus considérer le métier comme en pénurie. Pour quelle raison ?

Une politique symbolique lourde de conséquences
Cette mesure est une décision à connotation politique, destinée à limiter l’accès du marché du travail flamand à des travailleurs de pays tiers. Jusqu'alors, les entreprises pouvaient recruter, sous certaines conditions, des travailleurs en dehors de l’UE par le biais de la procédure des métiers en pénurie. En enlevant cette possibilité, recruter légalement ces chauffeurs par le biais de moyens officiels et contrôlés est devenu presque impossible. C’est problématique. En effet, actuellement, les chauffeurs ne sont pas exploités par la voie officielle, mais justement par des moyens détournés.

Qui sera gagnant et qui sera perdant ?
Ce seront surtout les sociétés boîtes aux lettres d’Europe de l’Est qui profiteront de cette situation. Elles recrutent des chauffeurs de pays en dehors de l’UE, leur offrent un contrat local avec des bas salaires et une protection sociale minimale et les envoient ensuite sur la route pendant des mois à travers l’Europe, y compris en Belgique. Ces chauffeurs travaillent dans des conditions précaires et restent souvent hors d’atteinte des services d’inspection et des syndicats.

Les sociétés de transport belges qui souhaitent recruter et payer leurs chauffeurs correctement seront également lourdement touchées par cette mesure. Elles ne pourront plus concurrencer les acteurs appliquant le dumping social comme modèle économique.

Ce que l’UBT-FGTB propose
Au lieu de limiter l’accès au marché du travail, la ministre Zuhal Demir aurait mieux fait d’imposer des conditions claires et contraignantes. Par exemple, uniquement recruter sous un contrat belge, conformément aux CCT en vigueur et en offrant une protection sociale complète. Ces conditions bénéficieraient non seulement aux chauffeurs, mais garantiraient également une concurrence loyale dans le secteur.


Qui sont les ressortissants de pays tiers et comment sont-ils exploités dans le secteur du transport routier ?

Les travailleurs de pays tiers sont originaires de pays ne faisant pas partie de l’UE, comme l’Ouzbékistan, la Géorgie, les Philippines ou l’Inde. Dans le secteur européen du transport routier, ils sont de plus en plus souvent recrutés par l’intermédiaire de sociétés boîtes aux lettres d’Europe de l’Est, avec la Lituanie en tête. Ces sociétés leur offrent un contrat local avec des bas salaires et une protection limitée et les envoient ensuite sur la route pendant des mois à travers l’Europe, y compris en Belgique.

Ainsi, l’exploitant d’autobus limbourgeois Staf Cars a récemment commencé à recruter des chauffeurs philippins. Les candidats sont sélectionnés par l’intermédiaire d'une agence locale et suivent un trajet de formation avant de se rendre en Europe. Bien que cette pratique permette de lutter contre la pénurie de personnel, les conditions de travail de ces travailleurs soulèvent des questions.

Maintenant que la ministre Zuhal Demir a enlevé la possibilité aux entreprises belges de recruter ces chauffeurs sous un contrat belge, il ne leur reste qu'une solution : travailler via une société d’Europe de l’Est. Sa décision mine non seulement la lutte contre le dumping social, mais elle lui donne un nouvel élan. Cette politique ne résout pas les problèmes, mais les exacerbe.

Il est temps d'offrir des emplois équitables : l’UBT-FGTB veut mettre fin au faux statut des coursiers à vélo

L’UBT-FGTB soutient pleinement la résolution d’Anja Vanrobaeys et Achraf El Yakhloufi, députés parlementaires de Vooruit, visant à mettre fin à l’utilisation abusive du fameux statut P2P des coursiers à vélo.

Ce statut, destiné à des petits travaux occasionnels entre particuliers, est utilisé de manière abusive depuis des années par des entreprises de plate-forme comme Deliveroo afin de contourner leurs responsabilités d’employeur. Les coursiers prennent en charge tous les frais, ne bénéficient d’aucune protection sociale et sont systématiquement sous-payés.

« La technologie est peut-être une nouveauté, mais l’exploitation ne l’est pas », déclare Frank Moreels, président de l’UBT. « Il est temps que ces travailleurs obtiennent ce à quoi ils ont droit : un statut digne de ce nom, une protection et du respect. »

Tant que les statuts bidon seront tolérés, les entreprises honnêtes seront sous pression. Les plateformes occupant leur personnel dans des conditions correctes perdent du terrain face à des acteurs qui contournent massivement les règles et les cotisations. Résultat ? Une concurrence déloyale et des conditions de travail toujours plus médiocres.

Les données comme arme de choix : l’UBT se prépare au numérique

La digitalisation change notre société et de ce fait, notre lieu de travail. Prenons comme exemple les algorithmes qui déterminent qui obtient quelle mission, les applications qui dirigent le rythme de travail ou les systèmes automatiques qui évaluent les performances. Il s’agit d'une réalité quotidienne pour de plus en plus de travailleurs, en particulier des entreprises de plateforme.

Une nouvelle réalité s’impose aussi pour nous, syndicat. Les défis deviennent plus complexes, mais de nouvelles opportunités pour protéger les travailleurs apparaissent également. C’est pourquoi l’UBT se forme aux nouvelles réglementations européennes sur les données et les plateformes de travail numériques.

Par exemple, le RGPD donne le droit aux travailleurs de savoir quelles données les concernant sont recueillies, comment les algorithmes fonctionnent et quelle est leur influence sur leur travail. Le syndicat peut aider à faire valoir ces droits, par exemple, lorsque le travail est réparti de manière inéquitable ou si quelqu'un se sent lésé.

Une nouvelle étape importante est la nouvelle Directive européenne sur le travail de plateforme, qui entrera en vigueur en 2026. Elle obligera les entreprises à être plus transparentes sur les technologies qu’elles utilisent et à inclure un contrôle humain dans la prise de décision digitale. De plus, les représentants des travailleurs jouiront d'un droit à l’information et à l’assistance d'un expert indépendant, payé par la plateforme.

Tous ces outils nous donnent un nouveau levier en tant que syndicat. Nous devons néanmoins bien les comprendre et les utiliser de manière stratégique. C’est pourquoi nous investissons dans les connaissances et la formation, afin de pouvoir continuer à assumer de manière forte notre rôle de protection des droits des travailleurs, également en ces temps numériques.

Droits acquis, obtenus par la lutte

Pourquoi les jeunes ouvriers portuaires doivent connaître l’histoire

La loi Major, le Fonds de Sécurité d’Existence, le statut d’ouvrier portuaire reconnu...Pour beaucoup, ces noms sont familiers, mais savons-nous encore d'où ils viennent ou mieux encore, pourquoi ils ont vu le jour ?

Pour répondre à ces questions, l’UBT organisera d'ici peu une nouvelle formation pour les jeunes ouvriers portuaires, dans laquelle histoire, droits et lutte vont de pair. En effet, la protection sociale dans nos ports n’est pas une évidence. Elle est le résultat de plusieurs années d’engagement, d’actions et de solidarité internationale.

Ainsi, le Fonds de Sécurité d’Existence a été créé en 1946 afin d’offrir un soutien supplémentaire aux ouvriers portuaires en cas de périodes difficiles. En 1972, la Loi Major est entrée en vigueur. Elle stipule que seuls les ouvriers portuaires reconnus peuvent charger et décharger les navires. Cette protection est encore aujourd’hui synonyme de sécurité, de sécurité d’emploi et de conditions dignes sur le quai.

Pourtant, ces acquis sont mis sous pression, que ce soit en Europe ou sur les quais. C’est justement la raison pour laquelle il est crucial que la nouvelle génération d'ouvriers sache ce qui est en jeu, non pas pour regarder en arrière avec nostalgie, mais pour regarder vers l’avenir en connaissance de cause. C’est pourquoi l’UBT investit pleinement dans la formation et dans la voix des jeunes dans le débat.

Comme Nick Loridan, délégué UBT Port d’Anvers et l’un des fondateurs du Youth Movement UBT, l’exprime très justement :
« La loi Major n’est que l'une des pierres angulaires de notre large système de protection, composé de législations et d’accords comme la loi sur le travail portuaire, la sécurité d’existence et le code du bien-être au travail. Tous ces acquis sociaux ont été décrochés par les générations précédentes grâce à la solidarité et à la lutte, et c’est à nous, jeunes ouvriers portuaires, de continuer à les défendre avec fierté et combativité. »

La navigation maritime doit devenir plus écologique : un changement de cap en vue

La navigation maritime internationale est à une croisée des chemins. Pendant la semaine du 6 avril, les états membres de l’Organisation maritime internationale (OMI) ont négocié à Londres concernant de nouvelles mesures climatiques. L'objectif : réduire fortement les émissions de CO2 du secteur maritime et ainsi contribuer à la lutte contre le changement climatique.

Jusqu’à présent, il existait peu de réglementations internationales visant à limiter l’impact climatique du transport maritime. Tout comme l’aviation, ce secteur échappait à l’accord de Paris sur le climat. Mais la pression en faveur d’une transition écologique ne cesse de croître.
Lors de la réunion à Londres, un système mondial de taxation du CO2 a commencé à émerger. C’est toutefois précisément à ce moment-là que les États-Unis se sont retirés des négociations de manière inattendue. Ce retrait complique une approche internationale, en particulier lorsqu’il s’agit de taxer les carburants polluants.

Malgré cela, des avancées voient le jour. Dès juillet 2023, l’OMI a décidé que le secteur maritime devra atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, ou « autour de 2050 », selon les capacités de chaque pays. Des objectifs intermédiaires ont également été fixés : une réduction de 20 % des émissions d’ici 2030 et de 70 % d’ici 2040, par rapport à 2008. L’accord devrait être entériné en octobre 2025.

Pour le secteur maritime belge, il y aura donc du changement. Les compagnies maritimes devront investir dans des carburants plus propres et dans de nouvelles technologies. Les conditions de travail à bord devront elles aussi évoluer dans le cadre de cette transition énergétique.

Jacques Kerkhof, secrétaire fédéral UBT des secteurs maritimes, réagit : « La transition énergétique dans le secteur maritime demandera également d’énormes efforts de la part de nos marins et nos centres de formation. Des nouvelles technologies et des carburants alternatifs signifient que des formations supplémentaires, des recyclages et des trajets de reconversion seront nécessaires pour garder tout le monde à bord, au propre comme au figuré. L’UBT suit les développements internationaux de près et veillera à ce que les intérêts et la sécurité de nos travailleurs maritimes soient protégés au maximum aussi pendant cette période de transition. »

L’UBT en action (1)

31 mars – Journée de grève nationale

Une journée sous le signe de la résistance et de la solidarité ! Dès le petit matin, nos militants UBT se tenaient prêts aux piquets de grève dans toute la Belgique. Ils ont mené une action pour des salaires justes, un travail faisable et une pension digne. Ils se sont opposés aux plans antisociaux des soi-disant architectes de l’Arizona, qui représentent une menace grave pour notre protection sociale.

La grève a été ressentie dans tout le pays : les aéroports étaient fermés et des piquets de grève ont été installés à de nombreux endroits. Dans les ports, nous avons organisé une interruption du travail d’une heure à chaque terminal. Pendant ces interruptions, nous avons informé les ouvriers portuaires sur ce qui était en jeu. Ce n’était pas une grève de 24 heures dans les ports, mais le message était clair : nous n’acceptons plus la situation.

Merci à tous ceux qui ont manifesté.

L’UBT en action (2)