Vigilance de mise face à un accord de gouvernement asocial

Le jeudi 13 février, 100.000 militants syndicaux et sympathisants ont envahi les rues de Bruxelles pour réclamer des services publics de qualité et une augmentation du pouvoir d’achat. Cette mobilisation massive témoigne de la profonde inquiétude de la population face à l’accord de gouvernement Arizona et à son impact pour les travailleurs et les services publics.

Heureusement, la présence de Vooruit dans ce gouvernement dominé par des partis de droite a permis de préserver quelques acquis sociaux essentiels. Ainsi, le système d’indexation automatique reste intact, ce qui constitue une victoire importante pour le pouvoir d’achat de nos membres. De même, la lutte contre le dumping social reste d’actualité et l’augmentation des salaires minimums au niveau le plus élevé en Europe est un pas dans la bonne direction.

Ces points positifs sont malheureusement contrebalancés par des menaces sérieuses sur les conditions de travail, surtout pour nos ouvriers du transport. L’assouplissement du travail de nuit et de week-end, l’extension des flexi-jobs et l’augmentation du nombre d’heures supplémentaires volontaires compromettent les emplois fixes et créent un marché du travail plus précaire.

De même, le démantèlement du régime RCC et les mesures en matière de pension nous inquiètent, surtout dans les secteurs tels que le transport, où la charge physique est lourde. Les routiers, les manutentionnaires dans les aéroports et les chauffeurs de bus – pour n’en citer que quelques-uns – craquent souvent avant d’avoir atteint l’âge de la pension. Prolonger leur carrière est tout simplement inacceptable.

Lors de la manifestation, le président de la FGTB, Bert Engelaar, a souligné l’importance de la solidarité et de l’action :« Vous la sentez, vous aussi ? Cette tension dans l’air ? Cette vibration dans le sol ? C’est le son du changement ! Et ce changement commence ici et maintenant ! »
Ses mots résonnent avec la détermination des manifestants à défendre la justice sociale.

L’accord de gouvernement est encore vague sur de nombreux points, si bien que les modalités concrètes seront définies par le biais d’arrêtés d’exécution. C'est précisément là que réside notre défi : nous devons maintenir la pression pour éviter que les droits des travailleurs continuent d’être érodés. L’UBT n’hésitera pas à passer à l’action avec la FGTB lorsque ce sera nécessaire.

Frank Vandenbroucke, vice-premier pour Vooruit, a bien résumé la situation en disant qu’il faudra batailler au cours des prochaines années dans cette assemblée de droite qu’est le gouvernement Arizona.

L’UBT prend cet appel très au sérieux. Nous ne nous faisons aucune illusion quant au fait que ce gouvernement est ou sera asocial. Pour autant, cela ne signifie pas que nous nous résignons à ce qui est sur la table aujourd'hui.

Au contraire : nous continuerons de lutter pour des salaires justes, des conditions de travail décentes et la protection sociale. Les socialistes au gouvernement ont permis d’éviter le pire, mais le travail est loin d’être terminé !


Frank Moreels

Président de l’UBT-FGTB

En route vers le 31 mars : grève nationale contre la casse sociale

La manifestation massive du 13 février était un signal fort, mais tout reste à faire. Les réformes annoncées frappent durement les travailleurs, les demandeurs d’emploi et les retraités. C’est pourquoi les syndicats se préparent à la grève nationale du 31 mars.

Par cette action, nous souhaitons une nouvelle fois affirmer qu’il faut en finir avec la modération salariale, le démantèlement des pensions et la chasse aux malades et aux chômeurs. Le gouvernement ne peut pas continuer à ignorer les partenaires sociaux. Maintenons la pression, tous ensemble !

Le travail de plateforme : la flexibilité au détriment du travail équitable

Une étude de la KU Leuven et de l’université d’Oxford tire la sonnette d’alarme

Se faire livrer un repas, prendre un taxi ou régler un souci : les plateformes numériques telles que Deliveroo, Uber Eats et Ring Twice donnent l’impression d’offrir commodité et flexibilité. Cette liberté apparente cache cependant une dure réalité : exploitation, bas salaires et manque de protection sociale. Une nouvelle étude de la KU Leuven et de l’université d’Oxford confirme ce que l’UBT-FGTB dénonce depuis bien longtemps : en Belgique, les travailleurs de plateformes sont systématiquement mis sous pression et privés de leurs droits fondamentaux.


L’étude a évalué six plateformes sur cinq principes essentiels du travail équitables, dont le salaire, les contrats et la représentation. Conclusion ? La plupart des plateformes échouent sur toute la ligne. Seule Takeaway, qui engage effectivement ses collaborateurs, obtient une note positive. Les plateformes comme Deliveroo et Uber Eats, par contre, abusent du statut d’indépendant pour éluder les cotisations sociales et priver les travailleurs de leurs droits.


Le travail de plateforme connaît un succès grandissant, mais cela ne doit pas servir de prétexte au dumping social. Selon les estimations, 43 millions d’Européens travailleront dans l’économie de plateforme en 2025. Il est grand temps que le monde politique intervienne. L’UBT-FGTB exige un statut professionnel correct pour les travailleurs de plateformes et la fin des faux indépendants. Nous continuerons la lutte pour le travail équitable, en passant par la protection sociale, des salaires décents et des droits collectifs pour tous.

Pensions : que nous réserve le menu De Wever ?

La pension reste l'un des sujets les plus brûlants de tout accord de gouvernement. Qui dit « nouveaux plans », dit « nouvelles modifications » et, comme toujours, un dédale de règles et d’adaptations.

Ce sujet nous concerne tous. Penchons-nous donc plus en détail sur les principaux changements et dressons le tableau des principaux changements.

Les chauffeurs de bus méritent plus qu’une « Dixi » !

Le « plan toilettes » mis en place par la société de transport flamande De Lijn semble bon sur le papier, mais la réalité reste navrante pour les chauffeurs de bus. Ainsi, 15 cabines mobiles, 10 toilettes publiques et 21 sites pour lesquels la société de transport a signé une convention avec des tiers ont été ajoutés à l’offre existante. Depuis septembre 2023, le nombre de sites est passé de 674 à 720, soit une augmentation d’à peine 46 (?!) places. En d’autres termes, de nombreux chauffeurs doivent toujours se servir de toilettes Dixi mal entretenues et souvent installées sur des sites non sécurisés. Le simple ajout de toilettes supplémentaires ne résout pas le problème en soi. Ce qu’il faut, ce sont des solutions structurelles comme des locaux de pause et des sanitaires décents dans des bâtiments propres.

Le manque de commodités de base n’est pas seulement un manque de respect, il a aussi des répercussions sur la santé et la sécurité des chauffeurs et des passagers. Les conductrices sont les plus durement touchées par le manque d’installations sanitaires hygiéniques et sûres.

On the road: l’UBT et le syndicat suédois côte à côte contre le dumping social

La lutte contre le dumping social ne s’arrête pas aux frontières nationales. En automne 2023, la Swedish Transport Workers Union avait lancé un appel, par le biais de l’ETF, pour le partage d’expertise dans la lutte contre l’exploitation dans le secteur du transport. L’UBT-FGTB avait répondu à cet appel et a soutenu un projet de six mois à Jönköping pendant lesquels des routiers polonais, lituaniens et roumains, entre autres, ont été informés de leurs droits. L’UBT a partagé du matériel de campagne stratégique et des carnets d’heures afin que les chauffeurs puissent enregistrer correctement leur temps de travail.

Une dure réalité sur le terrain

Début février, l’UBT s’est rendue en Suède pour voir la situation de ses propres yeux. Accompagnés de collègues syndicalistes, nous avons visité des zones de transport et parlé avec des chauffeurs. Entre les semi-remorques, à côté d’un réchaud et par une température glaciale de -5 degrés Celsius, des chauffeurs nous ont raconté leurs histoires poignantes. Ils nous ont confirmé que le dumping social restait un problème tenace, profondément enraciné dans le secteur du transport.

Ce que nous avons découvert est tout simplement navrant : des chauffeurs contraints de prendre de longues périodes de repos sur des terrains industriels dépourvus d’installations sanitaires, sous-payés et souvent exploités par des sous-traitants malhonnêtes. Le syndicat suédois reçoit même des menaces de mort en raison de sa lutte contre le dumping social – un signe de l’ampleur du problème.

Une approche européenne est indispensable

De retour au bureau du syndicat, nous nous sommes mis d'accord pour collaborer plus étroitement et continuer à partager notre expertise. Le dumping social est un problème européen qui nécessite une approche commune. L’UBT continue d'œuvrer pour des salaires justes, des conditions de travail décentes et un secteur du transport traitant les chauffeurs avec respect.

 

L’UBT met fin aux pratiques abusives envers les chauffeurs (suite)

Le paysage du transport européen est complexe et ce sont surtout les conducteurs non ressortissants de l'UE qui sont souvent victimes d'abus. Ignorant leurs droits et piégés dans des constructions obscures, beaucoup travaillent dans de mauvaise conditions. Mais lorsqu’ils s’affilient à un syndicat, leur situation change du tout au tout. C’est ce que nous prouve l’histoire d’un chauffeur ukrainien qui a reçu un contrat belge correct, avec tous les droits et avantages connexes, une semaine à peine après s’être affilié à l’UBT. Nous vous avions déjà relaté une histoire similaire dans l’édition précédente de « be motion ».

Des transporteurs européens abusent volontiers des conditions de travail plus avantageuses dans d’autres États membres. Des entreprises belges utilisent des constructions de boîtes aux lettres pour faire pression sur les salaires et exploiter des chauffeurs. Cependant, dès que les syndicats interviennent, ces pratiques sont mises à mal. Lorsqu’une entreprise belge avait été citée à comparaître, le chauffeur concerné avait bénéficié d’une assistance juridique par le biais de l’UBT et avait pu se constituer partie civile.

En une semaine, son contrat était réglé – une étape qui n’aurait sans doute jamais été franchie sans le syndicat.

Vigilance de l’UBT Ports concernant la loi salariale et la protection sociale dans l’accord de gouvernement


Bien que les ouvriers portuaires ne soient pas directement concernés par les réformes des pensions, l’accord de gouvernement reste un point d’attention pour le secteur. La principale inquiétude concerne la loi salariale de 1996 qui bloque les augmentations de salaire et qui oblige les travailleurs à négocier avec une marge de 0,0 %.

Lors de la manifestation nationale du 13 février, Marc Loridan, secrétaire fédéral de l’UBT Ports, a souligné que cette situation était intenable : « Nous soutenons les actions syndicales et estimons qu'il est encore possible d'inverser cette politique. Reprenons les négociations et formulons une proposition acceptable. »

L’UBT Ports reste vigilante et s’engage à défendre les droits des ouvriers portuaires, à la fois en matière de salaires et de protection sociale.

Rappel important : un service supplémentaire sur site

Pour mieux soutenir les ouvriers portuaires, l’UBT Ports offre également ses services sur les quais. En raison des problèmes de circulation persistants et des difficultés d’accès au bureau du Paardenmarkt à Anvers, un service mobile a été organisé.

À partir du 6 janvier 2025, les ouvriers portuaires peuvent se rendre à la Station-service Restaurant De Club (Quai 1227) les 1er et 3e lundis du mois. Des permanents, le secrétariat et le service de sécurité d’existence seront présents de 10h00 à 14h30 pour répondre aux différentes questions et apporter une aide administrative.

Cette initiative sera reproduite pendant six mois sous la forme d’un projet-pilote et vient compléter l’offre de services existante au bureau du Paardenmarkt. Les ouvriers portuaires peuvent s’y rendre, sans rendez-vous, pour y obtenir des conseils, un soutien syndical et de l’aide dans le cadre de dossiers.

8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

Le 8 mars, Journée internationale des Femmes, l’accent est mis sur la lutte pour l’égalité et les droits des femmes. Ce qui avait commencé comme un mouvement de protestation pour de meilleures conditions de travail et pour le droit de vote reste aujourd'hui encore un jour important d’action et de prise de conscience. Bien que la situation ait évolué, l’écart salarial, la discrimination et l’inégalité dans le travail et les soins demeurent une réalité.

C’est pourquoi le front commun syndical organisera une journée d’action nationale le 8 mars 2025. Dans différentes entreprises, les travailleurs participeront à des actions et des manifestations en vue de renforcer la lutte pour l’égalité des droits.

Le 8 mars n’est pas une journée de fleurs et de beaux discours, mais une journée d’action !

L'UBT en action ...